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Est-ce un écroulement ? non. C’est une genèse.

Que t’importe, ô Paris, ville de la fournaise,
Puits de flamme, un brouillard qui passe, et dans ton flanc
Sur son gonflement sombre un vent de plus soufflant ?
Que t’importe un combat de plus dans l’âpre joute ?
Que t’importe un soufflet de forge qui s’ajoute
A tous les aquilons tourmentant ton brasier ?
O fier volcan, qui donc peut te rassasier
D’explosions, de bruits, d’orage, de tonnerre,
De secousses faisant trembler toute la terre,
De métaux à mêler, d’âmes à mettre au feu !
Est-ce que tu t’éteins sous l’haleine de Dieu ?
Non. Ton feu se rallume et ta houle profonde
Bouillonne, ô fusion formidable d’un monde.
Paris, comme à la mer Dieu seul te dit : Assez.
Ta rude fonction, vous deux la connaissez.
Souvent l’homme, penché sur ton foyer sonore,
Prend pour reflet d’enfer une rougeur d’aurore.
Tu sais ce que tu dois construire ou transformer.
Qui t’irrite ne peut que te faire écumer.
Toute pierre jetée au gouffre où tu ruisselles
T’arrache un crachement énorme d’étincelles.