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Et Montrevel, le fauve et rude compagnon.
Où sont les portefaix utiles d’Avignon
Qui traînaient Brune mort le long du quai du Rhône ?
Où sont ces grands bouchers de l’autel et du trône,
Dont le front au soleil des Cévennes suait,
Que conduisait Bâville et qu’aimait Bossuet ?
Certe, on fait ce qu’on peut avec les mitrailleuses,
Mais le bourgeois incline aux douceurs périlleuses,
Il en arrive presque à blâmer Galifet,
Le sang finit par faire aux crétins de l’effet,
Et l’attendrissement a gagné ce bipède.
Quel besoin on aurait d’un président d’Oppède !
Comme un Laubardemont serait le bienvenu !
L’arc-en-ciel de la paix, c’est un grand sabre nu.
Sans le glaive, après tout le meilleur somnifère,
Nulle société ne se tire d’affaire,
Et c’est un dogme auquel on doit s’habituer
Que, lorsqu’on sauve, il faut commencer par tuer.

Donc on est écrivain comme on est trabucaire !
On se fait lieutenant de l’empereur, vicaire
Du pape, et le fondé de pouvoirs de la mort !
On est celui qui ment, déchire, aboie et mord !
Ils viennent, louches, vils, dévots, frapper à terre
Rochefort, l’archer fier, le puissant sagittaire
Dont la flèche est au flanc de l’empire abattu.
Tu déterres Flourens, chacal ! qu’en feras-tu ?
Ils outragent leurs pleurs, les veuvages, les tombes,