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VIII

J’étais adolescent quand vous étiez enfant ;
J’ai sur votre berceau fragile et triomphant
Chanté mon chant d’aurore ; et le vent de l’abîme
Depuis nous a jetés chacun sur une cime,
Car le malheur, lieu sombre où le sort nous admet,
Etant battu de coups de foudre, est un sommet.
Le gouffre est entre nous comme entre les deux pôles.
Vous avez le manteau de roi sur les épaules
Et dans la main le sceptre, éblouissant jadis ;
Moi j’ai des cheveux blancs au front, et je vous dis :
C’est bien. L’homme est viril et fort qui se décide
A changer sa fin triste en un fier suicide ;