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Souffrant pour l’homme avec une douceur tragique,
Et la fraternité qui gronde en son courroux.
Les tyrans dans leurs camps, les hiboux dans leurs trous,
Le craignent, car voulant la paix, il veut l’aurore.
A la tendance humaine, obscure et vague encore,
Il creuse un lit, il fixe un but, il donne un sens ;
Du juste et de l’injuste il connaît les versants ;
Et du côté de l’aube il l’aide à se répandre.
Certains problèmes sont des fruits d’or pleins de cendre,
Le fond de l’un est Tout, le fond de l’autre est Rien ;
On peut trouver le mal en cherchant trop le bien ;
Paris le sait ; Paris choisit ce qui doit vivre.
Le droit parfois devient un vin dont on s’enivre ;
Ayant tout éveillé Paris peut tout calmer ;
Sa grande loi Combattre a pour principe Aimer ;
Paris admet l’agape et non la saturnale,
Et c’est lui qui, soudain, de l’énigme infernale
Souffle le mot céleste au sphinx déconcerté.

Où le sphinx dit : Chaos, Paris dit : Liberté !

Lieu d’éclosion ! centre éclatant et sonore
Où tous les avenirs trouvent toute l’aurore !
O rendez-vous sacré de tous les lendemains !
Point d’intersection des vastes pas humains !
Paris, ville, esprit, voix ! tu parles, tu rédiges,
Tu décrètes, tu veux ! chez toi tous les prodiges
Viennent se rencontrer comme en leur carrefour.