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LES FUNÉRAILLES.

M. Lefèvre, président du conseil général, a rappelé avec quels sentiments d’enthousiasme et de reconnaissance pour le justicier des Châtiments et de l’Année terrible le département de la Seine l’a acclamé sénateur.


Le cortège.

Il est onze heures et demie. Pendant que la musique militaire joue la Marseillaise et le Chant du départ, douze employés des pompes funèbres, conduits par un officier des cérémonies, viennent chercher le corps sous le catafalque. Tous les fronts sont découverts. Vingt jeunes gens de la Jeune France font une escorte d’honneur au cercueil jusqu’au corbillard.

C’est le corbillard des pauvres, le corbillard demandé par le poète dans son testament. Pour tout ornement, on pend derrière la simple voiture noire deux petites couronnes de roses blanches, apportées par George et Jeanne.

Le cortège se met en marche.

Marche triomphale ! Le soleil, juste à ce moment-là, fend les nuages et donne au prodigieux tableau tout son éclat. Par intervalles le canon tonne.

En tête, le général Saussier, gouverneur de Paris, avec un brillant état-major, précédé d’un escadron de la garde municipale et suivi d’un régiment de cuirassiers, dont les casques, les cuirasses polies et les sabres resplendissent au soleil.

Puis viennent les tambours des trois régiments qui font la haie le long du parcours, leurs tambours voilés de crêpes et battant lugubrement.

Onze chars à quatre et six chevaux, conduits à la main par des piqueurs, et chargés des couronnes et des trophées de fleurs. C’est un éblouissement.

Les chars sont encadrés par les enfants des lycées et des écoles.

Vient la députation de la ville de Besançon, avec une belle couronne, violettes et muguet. Suivent les délégations de la presse ; chaque journal est représenté par sa couronne ; les journalistes ont donné la première place au Rappel, dont la couronne est faite de palmes vertes et dorées, avec un semé d’orchidées. La Société des auteurs dramatiques et les théâtres ont aussi chacun leur cou-