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DEPUIS L’EXIL. — 1885.

d’heure, puis une déchirure se fait dans le réseau nuageux et un coin de ciel bleu apparaît.

De larges bandes orangées strient l’horizon du côté du levant ; c’est le soleil.

C’est le réveil pour beaucoup de gens qui de nouveau s’empressent vers l’Arc de Triomphe. La foule, un moment diminuée, grossit rapidement. Il n’est que cinq heures, et déjà des sonneries lointaines de clairons retentissent, des sociétés de gymnastique se dirigent vers leurs rendez-vous.

L’animation s’accroît peu à peu ; les délégations se groupent aux lieux de réunion désignés par la commission des obsèques. Les musiques et les fanfares résonnent de tous côtés. De nouveaux porteurs de couronnes, les unes pendues à une perche, les autres installées sur des brancards, arrivent ajouter à celles qui jonchent les marches du catafalque. Les roses, les lilas, les bleuets, les violettes s’entassent, emmêlant leurs écharpes de soie aux inscriptions d’or. L’air alentour s’embaume de toute cette montagne de fleurs.