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DEPUIS L’EXIL. — 1885.

Le 22 mai, la fatale nouvelle se répand avec une incroyable rapidité et jette la consternation dans Paris. Il n’y a qu’un cri : deuil national !


La chambre des députés ne siégeait pas ce jour-là ; mais les députés y étaient venus en foule pour attendre les nouvelles. À une heure cinquante minutes, on affichait à la salle des Pas-Perdus, cette laconique dépêche : « Victor Hugo est mort à une heure et demie. » L’émotion est profonde. Toutes les commissions convoquées se retirent sur-le-champ.

Au sénat, à l’ouverture de la séance, M. Le Royer, président, se lève, et dit, au milieu de l’émotion de tous :

« Messieurs les sénateurs,

« Victor Hugo n’est plus.

« Celui qui, depuis soixante années, provoquait l’admiration du monde et le légitime orgueil de la France, est entré dans l’immortalité… »

Le président termine en proposant au sénat de lever la séance en signe de deuil.

La séance est immédiatement levée.

Au conseil municipal de Paris, la nouvelle de la mort de Victor Hugo est apportée au milieu d’une délibération, qui est aussitôt interrompue. Le président propose de lever la séance.

M. Pichon demande, de plus, que « le conseil municipal décide qu’il se rendra en corps, et immédiatement, à la demeure de Victor Hugo, pour exprimer à la famille du plus grand de tous les poëtes les sentiments de sympathie et de condoléance profonde des représentants de la ville de Paris. »

La proposition de M. Pichon est unanimement adoptée, et le conseil municipal se rend en corps à la maison mortuaire.

À l’Institut, ce n’était pas le jour de séance de l’académie française, c’était celui de l’académie des inscriptions et belles-lettres, et la règle est qu’une classe de l’Institut ne doit lever la séance en signe de deuil que pour ses propres membres. À la nouvelle de la mort de Victor Hugo, l’académie des inscriptions lève aussitôt la sienne.