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DEPUIS L’EXIL. — 1881.

Le temps froid et neigeux du matin est devenu plus doux. Le poëte, toujours debout à sa fenêtre, contemple silencieusement la foule, sourit à ces sourires et rend le salut à ces saluts.

Voici la bannière bleue des Félibres ; les poëtes du Midi acclament Victor Hugo, la bannière s’incline ; Victor Hugo salue. Une délégation de Rodez remet une couronne avec cette inscription : Au poëte, au citoyen ! Passent sous leur bannière, les ouvriers galochiers, les emballeurs, les tonneliers ; le cercle de l’Aurore de Marseille envoie une superbe couronne ; voici la fanfare du Xe arrondissement, la fanfare de Bagneux, le Choral-Français, la fanfare de l’Industrie, le Choral des Amis de la Seine ; tous chantent et jouent aux applaudissements de la foule. À ce moment on apporte un magnifique coussin brodé d’or, avec cette inscription : « Au poëte, de la part du prince de Lusignan. »

Le choral d’Alsace-Lorraine, avec sa bannière noire, sur laquelle est brodée une couronne d’argent surmontant l’écusson des deux provinces, s’arrête et chante un air patriotique. Les bravos éclatent, des larmes coulent de bien des yeux.

Puis c’est la fanfare de Montmartre, le choral de Plaisance ; et entre chacune de ces sociétés un immense flot de peuple continue sans intervalles à défiler.

Un grand drapeau avec cette inscription « Les étudiants de Paris à Victor Hugo » est accroché devant la porte. Voici la fanfare de Saint-Denis, les Enfants de Saint-Denis, l’Union musicale de Paris, les Enfants de Lutèce, le Choral de la rive gauche, une députation du département du Nord avec sa couronne, l’Union chorale de Somain avec sa couronne, le Choral parisien, le Choral de la plaine Saint-Denis.

De la maison du poëte c’est, à droite et à gauche dans l’avenue, à perte de vue, un océan de têtes humaines, au-dessus desquelles flottent drapeaux et bannières ; c’est la fanfare Saint-Gervais, la fanfare des Quatre-Chemins, la société chorale Alsacienne. Ce n’est pas tout encore.

Le Progrès de Montreuil envoie une couronne d’or traversée d’une large plume d’argent. Puis les fanfares des divers arrondissements, du dix-huitième, du douzième, la fanfare du commerce de Saint-Ouen, le choral l’Avenir, la Société de prévoyance des Francs-Comtois, l’harmonie de Clichy ; les ouvriers tôliers, les selliers, les bottiers, les sculpteurs praticiens, les jardiniers, les plombiers, les charpentiers, les dégraisseurs, les teinturiers, les scieurs de long,