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LA FÊTE DU 27 FÉVRIER.

élèves, ses professeurs, les directeurs de sections, apporte une longue et éloquente adresse.

Nous n’avons pu lire toutes les inscriptions des bannières des corporations, des orphéons, des fanfares.

C’est la fanfare d’Ivry, de Levallois-Perret, l’harmonie d’Arcueil-Cachan, la chambre syndicale des ouvriers boulangers, des horlogers de Paris, des tourneurs en cuivre, des serruriers, des gantiers.

Le choral de Belleville chante à Victor Hugo un hymne, imprimé sur papier tricolore ; la foule applaudit, crie : Bis ! et le chœur répète :

Nous donnerons tout le sang de la France
Pour la patrie et pour la liberté !

Une société de récitation, conduite par M. Léon Ricquier, apporte une magnifique corbeille de fleurs naturelles. On met à côté un bouquet de deux sous que vient offrir un enfant.

Le choral de la Villette passe en chantant un chœur : En avant !

Puis des collégiens encore, et toute une école d’enfants, l’avenir.

Victor Hugo essuie une larme, salue de la main. Les cris de vive Victor Hugo se font entendre et la foule continue sa marche, respectueuse, presque recueillie. Puis une fanfare éclate, et les cris renaissent.

Il est impossible de décrire l’aspect de l’avenue vers deux heures ; les trottoirs sont couverts d’une foule énorme ; les maisons sont pavoisées ; les balcons sont couverts de monde, il y en a jusque sur les toits ; on s’entasse sur des estrades établies dans les jardins, sur les murs, sur les grilles ; des enfants sont perchés dans tous les arbres.

Et le défilé ne cesse pas.

Un instant la foule est tellement compacte qu’un arrêt se produit, les commissaires se multiplient pour faire avancer et circuler cette foule qui se succède sans relâche, qui arrive en masses profondes, occupant toute la largeur de l’avenue, et l’ordre n’est pas troublé un seul moment ; point de tumulte dans ce défilé de toute une ville.

Une jeune femme s’évanouit, on lui apporte une chaise de chez Mme Lockroy. On la soigne. Elle revient à elle.

Autant qu’il est permis d’évaluer la foule, on peut dire que cent mille personnes par heure ont passé sous les fenêtres de Victor Hugo, de midi à six heures du soir.