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LA FÊTE DU 27 FÉVRIER

Des palmes, des guirlandes de feuilles de chêne, de sapin et de buis, des arbustes, des plantes et des fleurs s’entremêlent dans cette élégante décoration.

Dans cette soirée du 26, inauguration, au théâtre de la Gaîté, de la nouvelle direction Larochelle-Debruyère par une éclatante reprise de Lucrèce Borgia, avec Mme Favart et M. Dumaine.

Tout est prêt pour le lendemain.

Il faut donner l’impression de cette grande journée dans les récits, pris sur le vif, de Jules Claretie et de Gustave Rivet, dans le Rappel et dans le Temps.


Extrait du Temps :

C’est aujourd’hui une journée historique.

Paris, — et, avec Paris, la nation entière, les députations de l’étranger, la jeunesse, cette France en fleur, a dit Victor Hugo lui-même, — tout un peuple fêtant l’entrée de Victor Hugo dans ses quatrevingts ans, un tel spectacle est de ceux qui se gravent pour l’avenir dans la mémoire des hommes, et en couronnant l’œuvre et la vie de son grand poète, la France aura ajouté une admirable page à son histoire.

Il semble que, sur les bannières qui ont flotté aujourd’hui devant les fenêtres de l’avenue d’Eylau, on eût pu écrire : La Patrie à Victor Hugo. C’est la patrie, en effet, qui a célébré le poète patriote ; ce sont les générations reconnaissantes envers cet homme de toutes les émotions, de toutes les joies qu’il leur a données, de toutes les nobles pensées qu’il a fait éclore en elles, de toute la gloire que sa gloire personnelle a fait rejaillir sur le pays.

Le peuple, pendant toute une journée, a défilé devant la maison de Victor Hugo en acclamant son nom. Et quand je dis peuple, toutes les classes, tous les rangs, tous les âges étaient confondus dans ce flot humain qui se déroulait des Tuileries à l’Arc de Triomphe et de l’Arc de Triomphe à l’avenue d’Eylau.

N’y a-t-il pas dans la destinée du poète quelque chose de prédestiné ? N’était-ce pas de l’Arc de Triomphe, qu’il a si souvent et si magnifiquement chanté, que devait nécessairement partir l’immense cortège qui a passé en saluant devant les fenêtres de Victor Hugo ?