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NOTES.

Nous le redirons sans cesse, ce ne sont pas des funérailles qui commencent ici, c’est une apothéose.

Nous pleurons l’homme qui finit, mais nous acclamons l’apôtre impérissable qui demeure parmi nous et dont le verbe survivant d’âge en âge nous conduira à la conquête définitive de la liberté, de l’égalité, de la fraternité dans le monde.

Ce géant immortel aurait été mal à l’aise dans la solitude et l’obscurité des cryptes souterraines ; nous l’avons exposé là-haut au jugement des hommes et de la nature, sous le grand soleil qui illuminait sa conscience auguste.

Tout un peuple a voulu réaliser le rêve poétique de ce doux génie :

Le cercueil au milieu des fleurs veut se coucher.

Que ce cercueil entouré de ces fleurs amies et de ce peuple reconnaissant entre dans le grand Paris que Victor Hugo appelait de ce nom sacré : la « cité-mère » et dont il a été véritablement le fils respectueux, le serviteur fidèle et l’élu bien-aimé ; que ce cercueil vénérable qui va à la gloire apporte parmi nous, avec toutes les lumières qui sortaient d’un cerveau si puissant, toutes les douceurs que caressait un cœur si tendre ; qu’il enseigne à la multitude émue sur son passage le devoir, la concorde, la paix ; que devant lui se lèvent pour nous éclairer et nous guider les méditations austères du jeune voyant de 1831, cet acte de foi qui pourrait résumer le testament du vieux républicain de 1885 et qui constitue l’unité morale la cette grande vie.

Je hais l’oppression d’une haine profonde !
Je suis fils de ce siècle. Une erreur chaque année
S’en va de mon esprit, d’elle-même étonnée,
Et, détrompé de tout, mon culte n’est resté
Qu’à vous, sainte patrie, et sainte liberté.


DISCOURS DE M. GOBLET
ministre de l’instruction publique
Messieurs,

Le monde entier honore Victor Hugo, mais c’est à la France qu’il appartient. Quel que soit le caractère universel de son génie, il est le nôtre d’abord. Il vient de nous, de nos traditions, de notre race,