Corneille, le vieux Corneille, le grand Corneille, se sentant près de mourir, jetait cette superbe aspiration vers la gloire, ce grand et dernier cri, dans ce vers :
Eh bien ! messieurs, si l’on avait droit de parler après Corneille, et s’il m’était donné d’exprimer mon vœu suprême, je dirais, moi :
(Applaudissements prolongés, profonde émotion.)
Telle est, messieurs, la signification, tel est le sens, tel est le but de cette réunion, de cette agape fraternelle, dans laquelle il n’y a aucun sous-entendu, aucun malentendu. Rien que de grand, de bon, de généreux. (Salve d’applaudissements. — Oui ! oui !)
Nous tous qui sommes ici, poètes, philosophes, écrivains, artistes, nous avons deux patries, l’une la France, l’autre l’art. (Vifs applaudissements.)
Oui, l’art est une patrie ; c’est une cité que celle qui a pour citoyens éternels ces hommes lumineux, Homère, Eschyle, Sophocle, Aristophane, Théocrite, Plaute, Lucrèce, Virgile, Horace, Juvénal, Dante, Shakespeare, Rabelais, Molière, Corneille, Voltaire… (Cri unanime : — … Victor Hugo !)
Et c’est une cité moins vaste, mais aussi grande, celle que nous pouvons appeler notre histoire nationale, et qui compte des hommes non moins grands : Charlemagne, Roland, Duguesclin, Bayard, Turenne, Condé, Villars, Vauban, Hoche, Marceau, Kléber, Mirabeau. (Applaudissements répétés.)
Eh bien, mes chers confrères, mes chers hôtes, nous appartenons à ces deux cités. Soyons-en fiers, et permettez-moi de vous dire, en buvant à votre santé, que je bois à la santé de nos deux patries : — À la santé de la grande France ! et à la santé du grand art !