Page:Hugo - Actes et paroles - volume 7.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
LES OUVRIERS LYONNAIS.

1870, c’est-à-dire le guet-apens de la guerre, a été le fait de la Prusse ; 1878, c’est-à-dire la victoire de la paix, sera la réplique de la France.

L’Exposition universelle de 1878, ce sera la guerre mise en déroute par la paix.

Ce sera la réconciliation avec Paris, dont l’univers a besoin.

La paix, c’est le verbe de l’avenir, c’est l’annonce des États-Unis de l’Europe, c’est le nom de baptême du vingtième siècle. Ne nous lassons pas, nous les philosophes, de déclarer au monde la paix. Faisons sortir de ce mot suprême tout ce qu’il contient.

Disons-le, ce qu’il faut à la France, à l’Europe, au monde civilisé, ce qui est dès à présent réalisable, ce que nous voulons, le voici : les religions sans l’intolérance, c’est-à-dire la raison remplaçant le dogmatisme ; la pénalité sans la mort, c’est-à-dire la correction remplaçant la vindicte ; le travail sans l’exploitation, c’est-à-dire le bien-être remplaçant le malaise ; la circulation sans la frontière, c’est-à-dire la liberté remplaçant la ligature ; les nationalités sans l’antagonisme, c’est-à-dire l’arbitrage remplaçant la guerre (mouvement) ; en un mot, tous les désarmements, excepté le désarmement de la conscience. (Bravos répétés.)

Ah ! cette exception-là, je la maintiens. Car tant que la politique contiendra la guerre, tant que la pénalité contiendra l’échafaud,tant que le dogme contiendra l’enfer, tant que la force sociale sera comminatoire, tant que le principe, qui est le droit, sera distinct du fait, qui est le code, tant que l’indissoluble sera dans la loi civile et l’irréparable dans la loi criminelle, tant que la liberté pourra être garrottée, tant que la vérité pourra être bâillonnée, tant que le juge pourra dégénérer en bourreau, tant que le chef pourra dégénérer en tyran, tant que nous aurons pour précipices des abîmes creusés par nous-mêmes, tant qu’il y aura des opprimés, des exploités, des accablés, des justes qui saignent, des faibles qui pleurent, il faut, citoyens,