dire quelques mots. Ce que j’aurais voulu dire, laissez-moi vous l’écrire.
Aucune popularité, en ce siècle, n’a dépassé celle d’Alexandre Dumas ; ses succès sont mieux que des succès, ce sont des triomphes ; ils ont l’éclat de la fanfare. Le nom d’Alexandre Dumas est plus que français, il est européen ; il est plus qu’européen, il est universel. Son théâtre a été affiché dans le monde entier ; ses romans ont été traduits dans toutes les langues.
Alexandre Dumas est un de ces hommes qu’on pourrait appeler les semeurs de civilisation ; il assainit et améliore les esprits par on ne sait quelle clarté gaie et forte ; il féconde les âmes, les cerveaux, les intelligences ; il crée la soif de lire ; il creuse le cœur humain, et il l’ensemence. Ce qu’il sème, c’est l’idée française. L’idée française contient une quantité d’humanité telle, que partout où elle pénètre, elle produit le progrès. De là, l’immense popularité des hommes comme Alexandre Dumas.
Alexandre Dumas séduit, fascine, intéresse, amuse, enseigne. De tous ses ouvrages, si multiples, si variés, si vivants, si charmants, si puissants, sort l’espèce de lumière propre à la France.
Toutes les émotions les plus pathétiques du drame, toutes les ironies et toutes les profondeurs de la comédie, toutes les analyses du roman, toutes les intuitions de l’histoire, sont dans l’œuvre surprenante construite par ce vaste et agile architecte.
Il n’y a pas de ténèbres dans cette œuvre, pas de mystère, pas de souterrain ; pas d’énigme, pas de vertige ; rien de Dante, tout de Voltaire et de Molière ; partout le rayonnement, partout le plein midi, partout la pénétration de la clarté. Les qualités sont de toute sorte, et innombrables. Pendant quarante ans, cet esprit s’est dépensé comme un prodige.
Rien ne lui a manqué, ni le combat, qui est le devoir, ni la victoire, qui est le bonheur.