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DEPUIS L’EXIL. — PARIS.

l’espérance, avec un ferme désir et un ferme dessein d’apaisement universel, sachant que nous ne voulons que le juste, l’honnête et le vrai, résolus à glorifier le travail qui est la grande probité civique, nous constatons que la France est plus que jamais en équilibre avec le monde civilisé, et nous sommes heureux de sentir que nous avons en nous la conscience du genre humain.

Ce que nous célébrons aujourd’hui, c’est la communion des nations ; nous acceptons la solennité de ce jour, et nous l’augmentons par la fraternité. De la pâque chrétienne, nous faisons la pâque populaire. (Applaudissements prolongés.)

Nous venons ici confiants et paisibles. Quel motif de trouble ou de crainte aurions-nous ? Aucun. Nous sommes une France nouvelle. Une ère de stabilité s’ouvre. Les catastrophes ont passé, mais elles nous ont laissé notre âme. La monarchie est morte et la patrie est vivante. (Acclamation. Cris de Vive la république !)

Il ne sortira pas de nos lèvres une parole de rancune et de colère. Ce que fait l’histoire est bien fait. Dix-huit siècles de monarchie finissent par créer une force des choses, et, à un moment donné, cette force des choses abat l’oppression, détrône l’usurpation, et relève cet immense vaincu, le peuple. Elle fait plus que le relever, elle le couronne. C’est ce couronnement du peuple qu’on appelle la république. La souveraineté légitime est aujourd’hui fondée. Au sacre d’un homme, fait par un prêtre, Dieu, l’éternel juste, a substitué le sacre d’une nation, fait par le droit. (Mouvement.)

Cela est grand, et nous sommes contents.

Maintenant, que voulons-nous ? La paix.

La paix entre les nations par le travail fécondé, la paix entre les hommes par le devoir accompli.

Devoir et travail, tout est là.

Nous entrons résolument dans la vie fière et tranquille des peuples majeurs.