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LE CONDAMNÉ SIMBOZEL.
Paris, 7 février 1876.
Monsieur le président de la république,

La femme d’un condamné politique qui n’a pas encore quitté la France me fait l’honneur de m’écrire. Je mets la lettre sous vos yeux.

En l’absence de la commission des grâces, c’est à vous que je crois devoir m’adresser. Ce condamné fait partie d’un convoi de transportés qui doit partir pour la Nouvelle-Calédonie le 1er  mars.

C’est huit jours après, le 8 mars, que les Chambres nouvelles entreront en fonction. Je suis de ceux qui pensent qu’elles voudront signaler leur avénement par l’amnistie. Ce grand acte d’apaisement est attendu par la France.

En présence de cette éventualité, et pour toutes les raisons réunies, vous jugerez sans doute, monsieur le maréchal, qu’il conviendrait que le départ du 1er  mars fût ajourné jusqu’à la décision des Chambres.

Un ordre de vous suffirait pour faire surseoir au départ. J’espère cet ordre de votre humanité, et je serais heureux d’y applaudir.

Recevez, monsieur le président de la république, l’assurance de ma haute considération.

Victor Hugo.

Malgré cette réclamation, l’ordre du départ fut maintenu par M. le président de la république, alors conseillé par M. Buffet. Deux semaines après, les électeurs du suffrage universel et les électeurs du suffrage restreint, cette fois d’accord, destituèrent M. Buffet, et, l’excluant du Sénat et de l’Assemblée législative, le mirent hors de la vie politique.

Depuis, M. Buffet y est rentré ; mais pas par une très grande porte.