XXII
POUR UN SOLDAT
Il est désirable que le fait qu’on va lire ne passe point inaperçu.
Un soldat, nommé Blanc, fusilier au 112e de ligne, en garnison à Aix, vient d’être condamné à mort « pour insulte grave envers son supérieur ».
On annonce la prochaine exécution de ce soldat.
Cette exécution me semble impossible.
Pourquoi ? Le voici :
Le 10 décembre 1873, les chefs de l’armée, siégeant à Trianon en haute cour de justice militaire, ont fait un acte considérable.
Ils ont aboli la peine de mort dans l’armée.
Un homme était devant eux ; un soldat, un soldat responsable entre tous, un maréchal de France. Ce soldat, à l’heure suprême des catastrophes, avait déserté le devoir ; il avait jeté bas la France devant la Prusse ; il avait passé à l’ennemi de cette façon épouvantable que, pouvant