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PARIS ET ROME.

Maintenant, entre ces deux sortes d’hommes, ceux de Paris et ceux de Bruxelles, quelle différence y a-t-il ?

Une seule.

L’éducation.

Les hommes sont égaux au berceau. À un certain point de vue intellectuel, il y a des exceptions, mais des exceptions qui confirment la règle. Hors de là, un enfant vaut un enfant. Ce qui, de tous ces enfants égaux, fait plus tard des hommes différents, c’est la nourriture. Il y a deux nourritures ; la première, qui est bonne, c’est le lait de la mère ; la deuxième, qui peut être mauvaise, c’est l’enseignement du maître.

De là, la nécessité de surveiller cet enseignement.

VI

On pourrait dire que dans notre siècle il y a deux écoles. Ces deux écoles condensent et résument en elles les deux courants contraires qui entraînent la civilisation en sens inverse, l’un vers l’avenir, l’autre vers le passé ; la première de ces deux écoles s’appelle Paris, l’autre s’appelle Rome. Chacune de ces deux écoles a son livre ; le livre de Paris, c’est la Déclaration des Droits de l’Homme ; le livre de Rome, c’est le Syllabus. Ces deux livres donnent la réplique au progrès. Le premier lui dit Oui ; le second lui dit Non.

Le progrès, c’est le pas de Dieu.

Les révolutions, bien qu’elles aient parfois l’allure de l’ouragan, sont voulues d’en haut.

Aucun vent ne souffle que de la bouche divine.

Paris, c’est Montaigne, Rabelais, Pascal, Corneille, Molière, Montesquieu, Diderot, Rousseau, Voltaire, Mirabeau, Danton.