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DEPUIS L’EXIL. — BORDEAUX.

De toutes les puissances européennes, aucune ne s’est levée pour défendre cette France qui, tant de fois, avait pris en main la cause de l’Europe… (Bravo ! à gauche), pas un roi, pas un état, personne ! un seul homme excepté… (Sourires ironiques à droite. — Très bien ! à gauche.)

Ah ! les puissances, comme on dit, n’intervenaient pas ; eh bien, un homme est intervenu, et cet homme est une puissance. (Exclamations sur plusieurs bancs à droite.)

Cet homme, messieurs, qu’avait-il ? son épée.

m. le vicomte de lorgeril. — Et Bordone ! (On rit.)

m. victor hugo. — Son épée, et cette épée avait déjà délivré un peuple … (exclamations) et cette épée pouvait en sauver un autre. (Nouvelles exclamations.)

Il l’a pensé ; il est venu, il a combattu.

À droite. — Non ! non !

m. le vicomte de lorgeril. — Ce sont des réclames qui ont été faites ; il n’a pas combattu.

m. victor hugo. — Les interruptions ne m’empêcheront pas d’achever ma pensée.

Il a combattu… (Nouvelles interruptions.)

Voix nombreuses à droite. — Non ! non !

À gauche. — Si ! si !

m. le vicomte de lorgeril. — Il a fait semblant !

Un membre à droite. — Il n’a pas vaincu en tout cas !

m. victor hugo. — Je ne veux blesser personne dans cette assemblée, mais je dirai qu’il est le seul des généraux qui ont lutté pour la France, le seul qui n’ait pas été vaincu. (Bruyantes réclamations à droite. — Applaudissements à gauche.)

Plusieurs membres à droite. — À l’ordre ! à l’ordre !

m. de jouvencel. — Je prie M. le président d’inviter l’orateur à retirer une parole qui est antifrançaise.

m. le vicomte de lorgeril. — C’est un comparse de mélodrame. (Vives réclamations à gauche.) Il n’a pas été vaincu parce qu’il ne s’est pas battu.

m. le président. — Monsieur de Lorgeril, veuillez garder