Page:Hugo - Actes et paroles - volume 5.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
LA QUESTION DE PARIS.

paraît, mais qui ne l’est pas dans le reste du monde, c’est la suprématie de Paris.

Par son initiative, par son cosmopolitisme, par son impartialité, par sa bonne volonté, par ses arts, par sa littérature, par sa langue, par son industrie, par son esprit d’invention, par son instinct de justice et de liberté, par sa lutte de tous les temps, par son héroïsme d’hier et de toujours, par ses révolutions, Paris est l’éblouissant et mystérieux moteur du progrès universel.

Niez cela, vous rencontrez le sourire du genre humain. Le monde n’est peut-être pas français, mais à coup sûr il est parisien.

Nous, consentir à discuter Paris ? Non. Il est puéril de l’attaquer, il serait puéril de le défendre.

Messieurs, n’attentons pas à Paris.

N’allons pas plus loin que la Prusse.

Les prussiens ont démembré la France, ne la décapitons pas.

Et puis, songez-y.

Hors Paris il peut y avoir une Assemblée provinciale ; il n’y a d’Assemblée nationale qu’à Paris.

Pour les législateurs souverains qui ont le devoir de compléter la Révolution française, être hors de Paris, c’est être hors de France. (Interruption.)

On m’interrompt. Alors j’insiste.

Isoler Paris, refaire après l’ennemi le blocus de Paris, tenir Paris à l’écart, succéder dans Versailles, vous assemblée républicaine, au roi de France, et, vous assemblée française, au roi de Prusse, créer à côté de Paris on ne sait quelle fausse capitale politique, croyez-vous en avoir le droit ? Est-ce comme représentants de la France que vous feriez cela ? Entendons-nous. Qui est-ce qui représente la France ? c’est ce qui contient le plus de lumière. Au-dessus de vous, au-dessus de moi, au-dessus de nous tous, qui avons un mandat aujourd’hui et qui n’en aurons pas demain, la France a un immense représentant, un représentant de