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DEPUIS L’EXIL. — BORDEAUX.

conducteurs de l’idée française au cœur de l’Alsace et de la Lorraine et de l’idée alsacienne et lorraine au cœur de la France ; que, grâce à leur permanence, la France, mutilée de fait, demeure entière de droit, et soit, dans sa totalité, visible dans l’Assemblée ; que si, en regardant là-bas, du côté de l’Allemagne, on voit la Lorraine et l’Alsace mortes, en regardant ici, on les voie vivantes !


La réunion, à l’unanimité, a accepté la proposition du représentant Victor Hugo, et lui a demandé de rédiger la déclaration qui devra être signée de tous et lue par lui-même à la tribune.

M. Victor Hugo a immédiatement rédigé cette déclaration, qui a été acceptée par la réunion de la gauche, mais à laquelle il n’a pu être donné la publicité de la tribune, par suite de la séance du 8 mars et de la démission de M. Victor Hugo.

En voici le texte :

DÉCLARATION

En présence de la démission que les représentants alsaciens et lorrains ont offerte, mais que l’Assemblée n’a acceptée par aucun vote.

Les représentants soussignés déclarent qu’à leurs yeux l’Alsace et la Lorraine ne cessent pas et ne cesseront jamais de faire partie de la France.

Ces provinces sont profondément françaises. L’âme de la France reste avec elles.

L’Assemblée nationale ne serait plus l’Assemblée de la France si ces deux provinces n’y étaient pas représentées.

Que désormais, et jusqu’à des jours meilleurs, il y ait sur la carte de France un vide, c’est là la violence que nous fait le traité. Mais pourquoi un vide dans cette Assemblée ?

Le traité exige-t-il que les représentants alsaciens et lorrains disparaissent de l’Assemblée française ?

Non.

Pourquoi donc aller plus loin que le traité ? Pourquoi