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DEPUIS L’EXIL. — BORDEAUX.

Et on entendra la France crier : C’est mon tour ! Allemagne, me voilà ! Suis-je ton ennemie ? Non ! je suis ta sœur. (Très bien ! très bien !) Je t’ai tout repris, et je te rends tout, à une condition : c’est que nous ne ferons plus qu’un seul peuple, qu’une seule famille, qu’une seule république. (Mouvements divers.) Je vais démolir mes forteresses, tu vas démolir les tiennes. Ma vengeance, c’est la fraternité ! (A gauche : Bravo ! bravo !) Plus de frontières ! Le Rhin à tous ! Soyons la même république, soyons les États-Unis d’Europe, soyons la fédération continentale, soyons la liberté européenne, soyons la paix universelle ! Et maintenant serrons-nous la main, car nous nous sommes rendu service l’une à l’autre ; tu m’as délivrée de mon empereur, et je te délivre du tien. (Bravo ! bravo ! – Applaudissements.)

m. tachard. — Messieurs, au nom des représentants de ces provinces malheureuses dont on discute le sort, je viens expliquer à l’Assemblée l’interruption que nous nous sommes permise au moment même où nous étions tous haletants, écoutant avec enthousiasme l’éloquente parole qui nous défendait.

Ces deux noms de Mayence et de Coblentz ont été prononcés naguère par une bouche qui n’était ni aussi noble ni aussi honnête que celle que nous venons d’entendre. Ces deux noms nous ont perdus, c’est pour eux que nous subissons le triste sort qui nous attend. Eh bien, nous ne voulons plus souffrir pour ce mot et pour cette idée. Nous sommes français, messieurs, et, pour nous, il n’y a qu’une patrie, la France, sans laquelle nous ne pouvons pas vivre. (Très bien ! très bien !) Mais nous sommes justes parce que nous sommes français, et nous ne voulons pas qu’on fasse à autrui ce que nous ne voudrions pas qu’il nous fût fait. (Bravo ! – Applaudissements.)