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NOTES. — 1869.

À M. GASTON TISSANDIER

« Je crois, monsieur, à tous les progrès. La navigation aérienne est consécutive à la navigation océanique ; de l’eau l’homme doit passer à l’air. Partout où la création lui sera respirable, l’homme pénétrera dans la création. Notre seule limite est la vie. Là où cesse la colonne d’air, dont la pression empêche notre machine d’éclater, l’homme doit s’arrêter. Mais il peut, doit et veut aller jusque-là, et il ira. Vous le prouvez. Je prends le plus grand intérêt à vos utiles et vaillants voyages. Votre ingénieux et hardi compagnon, M. de Fonvielle, a l’instinct supérieur de la science vraie. Moi aussi, j’aurais le goût superbe de l’aventure scientifique. L’aventure dans le fait, l’hypothèse dans l’idée, voilà les deux grands procédés de découvertes. Certes l’avenir est à la navigation aérienne et le devoir du présent est de travailler à l’avenir. Ce devoir, vous l’accomplissez. Moi, solitaire mais attentif, je vous suis des yeux et je vous crie courage. »

Avril 1869


On lit dans la Chronique de Jersey :

VICTOR HUGO SUR LA PEINE DU FOUET

« Nous recevons d’un correspondant la lettre suivante, réponse par le grand poëte à la prière de notre correspondant d’user de son influence et de son crédit pour faire interdire dans tous les tribunaux des possessions anglaises les condamnations à la peine du fouet. Nous remercions Victor Hugo de son empressement. »

Hauteville-House, 19 avril 1869.

J’ai reçu, monsieur, votre excellente lettre. J’ai déjà réclamé énergiquement et publiquement (dans ma lettre au journal Post) contre cette ignominie, la peine du fouet, qui déshonore le juge plus encore que le condamné. Certes, je réclamerai encore. Le moyen âge doit disparaître ; 89 a sonné son hallali.

Vous pouvez, si vous le jugez à propos, publier ma lettre.

Recevez, je vous prie, l’assurance de mes sentiments distingués.

Victor Hugo.