IX
LE PLÉBISCITE
Au printemps de 1870, Louis Bonaparte, sentant peut-être on ne sait quel ébranlement mystérieux, éprouva le besoin de se faire étayer par le peuple. Il demanda à la nation de confirmer l’empire par un vote. On consulta de France Victor Hugo, on lui demanda de dire quel devait être ce vote. Il répondit :
Non.
En trois lettres ce mot dit tout.
Ce qu’il contient remplirait un volume.
Depuis dix-neuf ans bientôt, cette réponse se dresse devant l’empire.
Ce sphinx obscur sent que c’est là le mot de son énigme.
À tout ce que l’empire est, veut, rêve, croit, peut et fait, Non suffit.
Que pensez-vous de l’empire ? Je le nie.
Non est un verdict.
Un des proscrits de décembre, dans un livre, publié hors de France en 1853, s’est qualifié « la bouche qui dit Non ».
Non a été la réplique à ce qu’on appelle l’amnistie.
Non sera la réplique à ce qu’on appelle le plébiscite.
Le plébiscite essaye d’opérer un miracle : faire accepter l’empire à la conscience humaine.
Rendre l’arsenic mangeable. Telle est la question.
L’empire a commencé par ce mot : Proscription. Il vou-