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PENDANT L’EXIL. — 1869.

antiques, le droit de l’Inde sur l’Égypte, de l’Égypte sur la Grèce, de la Grèce sur l’Italie, de l’Italie sur la Gaule. De là, à l’époque actuelle, le droit de l’Angleterre sur l’Asie, et de la France sur l’Afrique ; à la condition pourtant de ne pas faire civiliser les loups par les tigres ; à la condition que l’Angleterre n’ait pas Clyde et que la France n’ait pas Pélissier.

Découvrir une île ne donne pas le droit de la martyriser ; c’est l’histoire de Cuba ; il ne faut pas partir de Christophe Colomb pour aboutir à Chacon.

Que la civilisation implique la colonisation, que la colonisation implique la tutelle, soit ; mais la colonisation n’est pas l’exploitation ; mais la tutelle n’est pas l’esclavage.

La tutelle cesse de plein droit à la majorité du mineur, que le mineur soit un enfant ou qu’il soit un peuple. Toute tutelle prolongée au delà de la minorité est une usurpation ; l’usurpation qui se fait accepter par habitude ou tolérance est un abus ; l’usurpation qui s’impose par la force est un crime.

Ce crime, partout où je le vois, je le dénonce.

Cuba est majeure.

Cuba n’appartient qu’à Cuba.

Cuba, à cette heure, subit un affreux et inexprimable supplice. Elle est traquée et battue dans ses forêts, dans ses vallées, dans ses montagnes. Elle a toutes les angoisses de l’esclave évadé.

Cuba lutte, effarée, superbe et sanglante, contre toutes les férocités de l’oppression. Vaincra-t-elle ? oui. En attendant, elle saigne et souffre. Et, comme si l’ironie devait toujours être mêlée aux tortures, il semble qu’on entrevoit on ne sait quelle raillerie dans ce sort féroce qui, dans la série de ses gouverneurs différents, lui donne toujours le même bourreau, sans presque prendre la peine de changer le nom, et qui, après Chacon, lui envoie Concha, comme un saltimbanque qui retourne son habit.

Le sang coule de Porto-Principe à Santiago ; le sang coule aux montagnes de Cuivre, aux monts Carcacunas, aux monts Guajavos ; le sang rougit tous les fleuves, et Canto, et Ay la Chica ; Cuba appelle au secours.