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VI

GEORGE PEABODY


au président du comité américain de londres
Hauteville-House, 2 décembre 1869.
Monsieur,

Votre lettre me parvient aujourd’hui, 2 Décembre. Je vous remercie. Elle m’arrache à ce souvenir. J’oublie l’empire et je songe à l’Amérique. J’étais tourné vers la nuit, je me tourne vers le jour.

Vous me demandez une parole pour George Peabody. Dans votre sympathique illusion, vous me croyez ce que je ne suis pas, la voix de la France. Je ne suis, je l’ai dit déjà, que la voix de l’exil. N’importe, monsieur, un noble appel comme le vôtre veut être entendu ; si peu que je sois, j’y dois répondre et je réponds.

Oui, l’Amérique a raison d’être fière de ce grand citoyen du monde, de ce grand frère des hommes, George Peabody. Peabody a été un homme heureux qui souffrait de toutes les souffrances, un riche qui sentait le froid, la faim et la soif des pauvres. Ayant sa place près de Rothschild, il a trouvé moyen de la changer en une place près de Vincent de Paul. Comme Jésus-Christ il avait une plaie au