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II

ARMAND BARBÈS

En 1839, Barbès fut condamné à mort. Victor Hugo envoya au roi Louis-Philippe les quatre vers que l’on connaît, et obtint la vie de Barbès. Les deux lettres qu’on va lire ont trait à ce fait.

à victor hugo
Cher et illustre citoyen,

Le condamné dont vous parlez dans le septième volume des Misérables doit vous paraître un ingrat.

Il y a vingt-trois ans qu’il est votre obligé !… et il ne vous a rien dit.

Pardonnez-lui ! pardonnez-moi !

Dans ma prison d’avant février, je m’étais promis bien des fois de courir chez vous, si un jour la liberté m’était rendue.

Rêves de jeune homme ! Ce jour vint pour me jeter, comme un brin de paille rompue, dans le tourbillon de 1848.

Je ne pus rien faire de ce que j’avais si ardemment désiré.

Et depuis, pardonnez-moi ce mot, cher citoyen, la majesté de votre génie a toujours arrêté la manifestation de ma pensée.