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PENDANT L’EXIL. — 1867.

Je te dirai Paris, sa chute, et nos sanglots,
Et nous lirons ensemble Homère au bord des flots.
Puis, tu continueras ta marche âpre et hardie.

Et, là-bas, la lueur deviendra l’incendie.

VI

Ah ! race italienne, il était ton appui !
Ah ! vous auriez eu Rome, ô peuples, grâce à lui,
Grâce au bras du guerrier, grâce au cœur du prophète.
D’abord il l’eût donnée, ensuite il l’eût refaite.

Oui, calme, ayant en lui de la grandeur assez
Pour s’ajouter sans trouble aux héros trépassés,
Il eût reforgé Rome ; il eût mêlé l’exemple
Du vieux sépulcre avec l’exemple du vieux temple,
Il eût mêlé Turin, Pise, Albe, Velletri,
Le Capitole avec le Vésuve, et pétri
L’âme de Juvénal avec l’âme du Dante ;
Il eût trempé d’airain la fibre indépendante ;
Il vous eût des titans montré les fiers chemins.
Pleurez, Italiens ! il vous eût faits Romains.

VII

Le crime est consommé. Qui l’a commis ? Ce pape ?
Non. Ce roi ? non. Le glaive à leur bras faible échappe.
Qui donc et le coupable alors ? Lui. L’homme obscur,
Celui qui s’embusqua derrière notre mur ;
Le fils du Sinon grec et du Judas biblique ;
Celui qui, souriant, guetta la république,
Son serment sur le front, son poignard à la main.