Page:Hugo - Actes et paroles - volume 3.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
PENDANT L’EXIL. — 1852.

Lendemain inévitable pour nos ennemis, infaillible pour nous. Amis, quelles que soient les angoisses et les duretés du moment qui passe, fixons notre pensée sur ce lendemain splendide, déjà visible pour elle, sur cette immense échéance de la liberté et de la fraternité. C’est dans cette contemplation que vous puisez votre calme, proscrits de France. Quelquefois, comme je vous le rappelais tout à l’heure, dans la nuit lugubre où vous êtes, on s’étonne de voir dans vos yeux tant de lumière. Cette lumière, c’est la clarté de l’avenir dont vous êtes pleins.

Citoyens français et belges, en face des tyrans, levons haut les nationalités ; en présence de la démocratie, inclinons-les. La démocratie, c’est la grande patrie. République universelle, c’est patrie universelle. Au jour venu, contre les despotes, les nationalités et les patries devront pousser le cri de guerre ; l’œuvre faite, l’unité, la sainte unité humaine déposera au front de toutes les nations le baiser de paix. Montons d’échelon en échelon, d’initiation en initiation, de douleur en douleur, de misère en misère, aux grandes formules. Que chaque degré franchi élargisse l’horizon. Il y a quelque chose qui est au-dessus de l’allemand, du belge, de l’italien, de l’anglais, du français, c’est le citoyen ; il y a quelque chose qui est au-dessus du citoyen, c’est l’homme. La fin des nations, c’est l’unité, comme la fin des racines, c’est l’arbre, comme la fin des vents, c’est le ciel, comme la fin des fleuves, c’est la mer. Peuples ! il n’y a qu’un peuple. Vive la république universelle !