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proscrits, Ribeyrolles, rédacteur de l’Homme, le colonel Pianciani et Thomas, furent expulsés de Jersey par ordre du gouvernement anglais. Victor Hugo prit fait et cause pour eux. Il éleva la voix.


DÉCLARATION


Trois proscrits, Ribeyrolles, l’intrépide et éloquent écrivain ; Pianciani, le généreux représentant du peuple romain ; Thomas, le courageux prisonnier du Mont-Saint-Michel, viennent d’être expulsés de Jersey.

L’acte est sérieux. Qu’y a-t-il à la surface ? Le gouvernement anglais. Qu’y a-t-il au fond ? La police française. La main de Fouché peut mettre le gant de Castlereagh ; ceci le prouve.

Le coup d’état vient de faire son entrée dans les libertés anglaises. L’Angleterre en est arrivée à ce point, proscrire des proscrits. Encore un pas, et l’Angleterre sera une annexe de l’empire français, et Jersey sera un canton de l’arrondissement de Coutances.

À l’heure qu’il est, nos amis sont partis ; l’expulsion est consommée.

L’avenir qualifiera le fait ; nous nous bornons à le constater. Nous en prenons acte ; rien de plus. En mettant à part le droit outragé, les violences dont nos personnes sont l’objet nous font sourire.

La révolution française est en permanence ; la république française, c’est le droit ; l’avenir est inévitable. Qu’importe le reste ? Qu’est-ce, d’ailleurs, que cette expulsion ? Une parure de plus à l’exil, un trou de plus au drapeau.

Seulement, pas d’équivoque.

Voici ce que nous disons, nous, proscrits de France, à vous, gouvernement anglais :

M. Bonaparte, votre « allié puissant et cordial », n’a pas d’autre existence légale que celle-ci : prévenu du crime de haute trahison.

M. Bonaparte, depuis quatre ans, est sous le coup d’un mandat d’amener, signé Hardouin, président de la