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RÉPLIQUE À M. DE MONTALEMBERT.

Je le somme de venir dire ici quelles sont les causes que j’ai flattées et quelles sont les causes que j’ai reniées.

Est-ce Charles X dont j’ai honoré l’exil au moment de sa chute, en 1830, et dont j’ai honoré la tombe après sa mort, en 1836 ? (Sensation.)

Voix déjà droite. — Antithèse !

M. Victor Hugo. — Est-ce madame la duchesse de Berry, dont j’ai flétri le vendeur et condamné l’acheteur ? ( Tous les yeux se tournent vers M. Thiers.)

M. le président, s’adressant à la gauche. — Maintenant, vous êtes satisfaits ; faites silence. (Exclamations à gauche.)

M. Victor Hugo. — Monsieur Dupin, vous n’avez pas dit cela à la droite hier, quand elle applaudissait.

M. le président. — Vous trouvez mauvais quand on rit, mais vous trouvez bon quand on applaudit. L’un et l’autre sont contraires au règlement. (Les applaudissements de la gauche redoublent.)

M. de la Moskowa. — Monsieur le président, rappelez-vous le principe de la libre défense des accusés.

M. Victor Hugo. — Je continue l’examen des causes que j’ai flattées et que j’ai reniées.

Est-ce Napoléon, pour la famille duquel j’ai demandé la rentrée sur le sol de la patrie, au sein de la chambre des pairs, contre des amis actuels de M. de Montalembert, que je ne veux pas nommer, et qui, tout couverts des bienfaits de l’empereur, levaient la main contre le nom de l’empereur ? (Tous les regards cherchent M. de Montebello.)

Est-ce, enfin, madame la duchesse d’Orléans dont j’ai, l’un des derniers, le dernier peut-être, sur la place de la Bastille, le 24 février, à deux heures de l’après-midi, en présence de trente mille hommes du peuple armés, proclamé la régence, parce que je me souvenais de mon serment de pair de France ? (Mouvement.) Messieurs, je suis en effet un homme étrange, je n’ai prêté dans ma vie qu’un serment, et je l’ai tenu ! (Très bien ! très bien !)

Il est vrai que depuis que la république est établie, je n’ai pas conspiré contre la république ; est-ce là ce qu’on me reproche ? (Applaudissements à gauche.)

Messieurs, je dirai à l’honorable M. de Montalembert :