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AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.


M. le président. — Vous l’avez traîné aussi bas que possible…

M. Victor Hugo. — Ce n’est pas là la question !

M. le président. — Dites que vous n’avez pas voulu insulter M. le président de la république dans votre parallèle, à la bonne heure ! (L’agitation continue ; des apostrophes d’une extrême violence, sont adressées à l’orateur et échangées entre plusieurs membres de droite et de gauche. M. Lefebvre-Duruflé, s’approchant de la tribune, remet à l’orateur une feuille de papier qu’il le prie de lire.)

M. Victor Hugo, après avoir lu. — On me transmet l’observation que voici, et à laquelle je vais donner immédiatement satisfaction. Voici :

« Ce qui a révolté l’assemblée, c’est que vous avez dit vous, et que vous n’avez pas parlé indirectement. »

L’auteur de cette observation reconnaîtra demain, en lisant le Moniteur, que je n’ai pas dit vous, que j’ai parlé indirectement, que je ne me suis adressé à personne directement dans l’assemblée. Et je répète que je ne m’adresse à personne.

Faisons cesser ce malentendu.

Voix à droite. — Bien ! bien ! Passez outre.

M. le président. — Faites sortir l’assemblée de l’état où vous l’avez mise.

Messieurs, veuillez faire silence.

M. Victor Hugo. — Vous lirez demain le Moniteur qui a recueilli mes paroles, et vous regretterez votre précipitation. Jamais je n’ai songé un seul instant à un seul membre de cette assemblée, je le déclare, et je laisse mon rappel à l’ordre sur la conscience de M. le président. (Mouvement. — Très bien ! très bien !)

Encore un instant, et je descends de la tribune.

(Le silence se rétablit sur tous les bancs. L’orateur se tourne vers la droite.)

Monarchie légitime, monarchie impériale ! qu’est-ce que vous nous voulez ? Nous sommes les hommes d’un autre âge. Pour nous, il n’y a de fleurs de lys qu’à Fontenoy, et il n’y a d’aigles qu’à Eylau et à Wagram.

Je vous l’ai déjà dit, vous êtes le passé. De quel droit mettez-vous le présent en question ? qu’y a-t-il de commun