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LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION.

— Faites une application personnelle de vos paroles ! À qui les appliquez-vous ? Nommez ! nommez !

M. le président. — Je vous rappelle à l’ordre, monsieur Victor Hugo, parce que, malgré mes avertissements, vous ne cessez pas d’insulter.

Quelques voix à droite. — C’est un insulteur à gages !

M. Chapot. — Que l’orateur nous dise à qui il s’adresse.

M. de Staplande. — Nommez ceux que vous accusez, si vous en avez le courage ! (Agitation tumultueuse.)

Voix diverses à droite. — Vous êtes un infâme calomniateur. — C’est une lâcheté et une insolence. (À l’ordre ! à l’ordre !)

M. le président. — Avec le bruit que vous faites, vous avez empêché d’entendre le rappel à l’ordre que j’ai prononcé.

M. Victor Hugo. — Je demande à m’expliquer. (Murmures bruyants et prolongés.)

M. de Heeckeren[1]. — Laissez, laissez-le jouer sa pièce !

M. Léon Faucher, ministre de l’intérieur. — L’orateur… (Interruption à gauche.) L’orateur…

À gauche. — Vous n’avez pas la parole !

M. le président. — Laissez M. Victor Hugo s’expliquer. Il est rappelé à l’ordre.

M. le ministre de l’intérieur. — Comment ! messieurs, un orateur pourra insulter ici le président de la république…. (Bruyante interruption à gauche.)

M. Victor Hugo. — Laissez-moi m’expliquer ! je ne vous cède pas la parole.

M. le président. — Vous n’avez pas la parole. Ce n’est pas à vous à faire la police de l’assemblée. M. Victor Hugo est rappelé à l’ordre ; il demande à s’expliquer ; je lui donne la parole, et vous rendrez la police impossible si vous voulez usurper mes fonctions.

M. Victor Hugo. — Messieurs, vous allez voir le danger des interruptions précipitées. (Plus haut ! plus haut !) J’ai été rappelé à l’ordre, et un honorable membre que je n’ai pas l’honneur de connaître….

Un membre sort des bancs de la droite, vient jusqu’au pied de la tribune et dit :

  1. Sénateur de l’empire.