Page:Hugo - Actes et paroles - volume 2.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Je disais à M. Victor Hugo qu’il a parfaitement le droit de contester la convenance de demander la révision de l’article 45 en termes de droit, mais qu’il n’a pas le droit de discuter, sous une forme insultante, une candidature personnelle qui n’est pas en jeu.

Voix à l’extrême gauche. — Mais si, elle est en jeu.

M. Charras. — Vous l’avez vue vous-même à Dijon, face à face.

M. le président. — Je vous rappelle à l’ordre ici, parce que je suis président ; à Dijon, je respectais les convenances, et je me suis tu.

M. Charras. — On ne les a pas respectées envers vous.

M. Victor Hugo. — Je réponds à M. le ministre et à M. le président, qui m’accusent d’offenser M. le président de la république, qu’ayant le droit constitutionnel d’accuser M. le président de la république, j’en userai le jour où je le jugerai convenable, et je ne perdrai pas mon temps à l’offenser ; mais ce n’est pas l’offenser que de dire qu’il n’est pas un grand homme. (Vives réclamations sur quelques bancs de la droite.)

M. Charras. — Vos insultes ne peuvent aller jusqu’à lui.

M. de Caulaincourt. — Il y a des injures qui ne peuvent l’atteindre, sachez-le bien !

M. le président. — Si vous continuez après mon avertissement, je vous rappellerai à l’ordre.

M. Victor Hugo. — Voici ce que j’ai à dire, et M. le président ne m’empêchera pas de compléter mon explication. (Vive agitation.)

Ce que nous demandons à M. le président responsable de la république, ce que nous attendons de lui, ce que nous avons le droit d’attendre fermement de lui, ce n’est pas qu’il tienne le pouvoir en grand homme, c’est qu’il le quitte en honnête homme.

M. À gauche. — Très bien ! très bien !

M. Clary[1]. — Ne le calomniez pas, en attendant.

M. Victor Hugo. — Ceux qui l’offensent, ce sont ceux de ses amis qui laissent entendre que le deuxième dimanche

  1. Sénateur de l’empire, à 30, 000 francs par an.