Page:Hugo - Actes et paroles - volume 2.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

pouvoir les mettre à néant. Vous voyez que j’ai eu raison, car dès le premier mot, la honte les prend et elles s’évanouissent. (Bruyantes réclamations à droite. Plusieurs membres interpellent vivement l’orateur au milieu du bruit.)

M. le président. ― L’orateur n’a nommé personne en particulier, mais ses paroles ont quelque chose de personnel pour tout le monde, et je ne puis voir dans l’interruption qui se produit qu’un démenti universel de cette assemblée. Je vous engage à rentrer dans la question même.

M. Victor Hugo. ― Je n’accepterai le démenti de l’assemblée que lorsqu’il me sera donné par les actes et non par les paroles. Nous verrons si l’avenir me donne tort ; nous verrons si l’on fera autre chose que de la compression et de la répression ; nous verrons si la pensée qu’on désavoue aujourd’hui ne sera pas la politique qu’on arborera demain. En attendant et dans tous les cas, il me semble que l’unanimité même que je viens de provoquer dans cette assemblée est une chose excellente… (Bruit. ― Interruption.)

Eh bien, messieurs, transportons cette nature d’objections au dehors de cette enceinte, et désintéressons les membres de cette assemblée. Et maintenant, ceci posé, il me sera peut-être permis de dire que, quant à moi, je ne crois pas que le système qui combine la répression avec la compression, et qui s’en tient là, soit l’unique manière, soit la bonne manière de rétablir l’ordre. (Nouveaux murmures.)

J’ai dit que je désintéresse complètement les membres de l’assemblée… (Bruit.)

M. le président. ― L’assemblée est désintéressée ; c’est une objection que l’orateur se fait à lui-même et qu’il va réfuter. (Rires. ― Rumeurs.)

M. Victor Hugo. ― M. le président se trompe. Sur ce point encore j’en appelle à l’avenir. Nous verrons. Du reste, comme ce n’est pas là le moins du monde une objection que je me fais à moi-même, il me suffit d’avoir provoqué la manifestation unanime de l’assemblée, en espérant que l’assemblée s’en souviendra, et je passe à un autre ordre d’idées.

J’entends dire également tous les jours… (Interruption.)