Or, quels que soient les euphémismes d’un écrivain satirique qui flatte un roi, un arrêt qui retranche un quartier aux rentiers, messieurs, c’est la banqueroute. (À gauche : Très bien ! — Rumeurs à droite. — Et les assignats ?)
Sous le régent, la monarchie empoche, ce n’est pas le mot noble, c’est le mot vrai (on rit), empoche trois cent cinquante millions par l’altération des monnaies ; c’était le temps où on pendait une servante pour cinq sous. Sous Louis XV, neuf banqueroutes en soixante ans.
Une voix au fond à droite. — Et les pensions des poëtes !
M. Victor Hugo s’arrête.
À gauche. — Méprisez cela ! Dédaignez ! Ne répondez pas !
M. Victor Hugo. — Je répondrai à l’honorable interrupteur que, trompé par certains journaux, il fait allusion à une pension qui m’a été offerte par le roi Charles X, et que j’ai refusée.
M. de Falloux. — Je vous demande pardon, vous l’aviez sur la cassette du roi. (Rumeurs à gauche.)
M. Bac. — Méprisez ces injures !
M. de Falloux. — Permettez-moi de dire un mot.
M. Victor Hugo. — Vous voulez que je raconte le fait ? il m’honore ; je le veux bien.
M. de Falloux. — Je vous demande pardon… (À gauche : C’est de la personnalité ! — On cherche le scandale ! — Laissez parler ! — N’interrompez pas ! — À l’ordre ! à l’ordre ! )
M. de Falloux. — L’assemblée a pu observer que je n’ai pas cessé, depuis le commencement de la séance, de garder moi-même le plus profond silence, et même, de temps en temps, d’engager mes amis à le garder comme moi. Je demande seulement la permission de rectifier un fait matériel.
M. Victor Hugo. — Parlez !
M. de Falloux. — L’honorable M. Victor Hugo a dit : « Je n’ai jamais touché de pension de la monarchie… ».
M. Victor Hugo. — Non, je n’ai pas dit cela. (Vives réclamations à droite, mêlées d’applaudissements et de rires ironiques.)
Plusieurs membres à gauche, à M. Victor Hugo. — Ne répondez pas !