ASSEMBLÉE CONSTITUANTE
À la suite des fatales journées de juin 1848, les théâtres de Paris furent fermés. Cette clôture, qui semblait devoir se prolonger indéfiniment, était une calamité de plus ajoutée aux autres calamités publiques. La ruine des théâtres était imminente. M. Victor Hugo sentit l’urgence de leur situation et leur vint en aide. Il convoqua une réunion spéciale des représentants de Paris dans le 1er bureau, leur demanda d’appuyer un projet de décret qu’il se chargeait de présenter et qui allouait une subvention d’un million aux théâtres, pour les mettre à même de rouvrir. La proposition fut vivement débattue. Un membre accusa l’auteur du projet de décret de vouloir faire du bruit. M. Victor Hugo s’écria :
Ce que je veux, ce n’est pas du bruit, comme vous dites, c’est du
pain ! du pain pour les artistes, du pain pour les ouvriers, du pain
pour les vingt mille familles que les théâtres alimentent ! Ce que je
veux, c’est le commerce, c’est l’industrie, c’est le travail, vivifiés
par ces ruisseaux de sève qui jaillissent des théâtres de Paris ! c’est
la paix publique, c’est la sérénité publique, c’est la splendeur de la
ville de Paris, c’est l’éclat des lettres et des arts, c’est la venue
des étrangers, c’est la circulation de l’argent, c’est tout ce que
répandent d’activité, de joie, de santé, de richesse, de civilisation,
de prospérité, les théâtres de Paris ouverts. Ce que je ne veux pas,
c’est le deuil, c’est la détresse, c’est l’agitation, c’est l’idée
de révolution et d’épouvante que contiennent ces mots lugubres : Les
théâtres de Paris sont fermés ! Je l’ai dit à une autre époque et