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LA FAMILLE BONAPARTE.

l’exemple du saint respect de l’adversité. Heureuse la dynastie dont on pourra dire : Elle n’a exilé personne ! elle n’a proscrit personne ! elle a trouvé les portes de la France fermées à des français, elle les a ouvertes et elle a dit : entrez !

J’ai été heureux, je l’avoue, que cette pétition fût présentée. Je suis de ceux qui aiment l’ordre d’idées qu’elle soulève et qu’elle ramène. Gardez-vous de croire, messieurs, que de pareilles discussions soient inutiles ! elles sont utiles entre toutes. Elles font reparaître à tous les yeux, elles éclairent d’une vive lumière pour tous les esprits ce côté noble et pur des questions humaines qui ne devrait jamais s’obscurcir ni s’effacer. Depuis quinze ans, on a traité avec quelque dédain et quelque ironie tout cet ordre de sentiments ; on a ridiculisé l’enthousiasme. Poésie ! disait-on. On a raillé ce qu’on a appelé la politique sentimentale et chevaleresque, on a diminué ainsi dans les cœurs la notion, l’éternelle notion du vrai, du juste et du beau, et l’on a fait prévaloir les considérations d’utilité et de profit, les hommes d’affaires, les intérêts matériels. Vous savez, messieurs, où cela nous a conduits. (Mouvement.)

Quant à moi, en voyant les consciences qui se dégradent, l’argent qui règne, la corruption qui s’étend, les positions les plus hautes envahies par les passions les plus basses (mouvement prolongé), en voyant les misères du temps présent, je songe aux grandes choses du temps passé, et je suis, par moments, tenté de dire à la chambre, à la presse, à la France entière : Tenez, parlons un peu de l’empereur, cela nous fera du bien ! (Vive et profonde adhésion.)

Oui, messieurs, remettons quelquefois à l’ordre du jour, quand l’occasion s’en présente, les généreuses idées et les généreux souvenirs. Occupons-nous un peu, quand nous le pouvons, de ce qui a été et de ce qui est noble et pur, illustre, fier, héroïque, désintéressé, national, ne fût-ce que pour nous consoler d’être si souvent forcés de nous occuper d’autre chose. (Très bien !)

J’aborde maintenant le côté purement politique de la question. Je serai très court ; je prie la chambre de trouver bon que je l’effleure rapidement en quelques mots.