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ACTE III, SCÈNE VI. 333

Quel numismate j’aurais fait !

Un second pas.

La médaille était ma vocation.

Il regarde dans un tiroir eotr’ouvert. J’aime ces modules variés.

Il ouvre le tiroir tout ï fait.

Des napoléons, des louis, des roupies, des philippes, des roubles, des guinécs. Toute la constellation des monnaies ! Il prend une grande piice d’or et la contemple. Un quadruple ! une once d’Espagne ! Ça vaut quatrevingt et tant de francs ! Et en voilà des tas ! — À bas les pattes, citoyen ! Il laisse retomber la pièce d’or dans le tiroir et recule, comme égaré. Oh ! j’ai des éblouissements. Il y a des fouillis d’étoiles dans ces tiroirs. Toute la nuit est là avec ses astres, avec ses pièges, avec son bien qui est le mal, avec ses millions de mauvaises pensées. C’est la caverne aux escarboucles. Ce tourbillon d’or me monte à la tête. Cela rend ivre, cela rend fou. Au secours !

Il repousse violemment les tiroirs et les referme. Cabre-toi, ma conscience ! Le diable veut te faire prendre le galop, jette-le les quatre fers en l’air !

Il fait retomber la trappe du coflFre sur laquelle il rejette les deux battants. Victoire !

U pose le poker sur le bureau.

Maintenant, allons-nous-en. Serviteur, monsieur le baron ! Depuis quelq^ues instants une forme noire, montant du jardin, s’est dressée sur le balcon derrière les vitres de la fenêtre fermée. Un homme observe Glapieu. C’est Edgar Marc. U casse un carreau. SCENE VL

GLAPIEU, EDGAR MARCj puis Valets et flambeaux. EDGAR MARC , à travers la vitre brisée. Je m’en doutais. — C’est un filou.

Le carreau cassé tombe avec bruit. Edgar Marc passe son bras par la cassure, ouvre l’espagnolette, pousse la porte-fenêtre, et entre. Au bruit du carreau cassé, Glapieu a retourné la tète.