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ACTE PREMIER, SCENE VI.

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LE MAJOR CKDOLARD.

Tout à l’heure, je ne sais pas si je dormais, vous savez, quand on vient d’être malade, on est faible, on a des rêves, j’entendais des musiques dans l’air, cela passait, cela flottait, c’était dans le bleu, c’était dans l’obscur, là-haut, j’écoutais. Eh bien, monsieur, vous me croirez si vous voulez, c’était de la musique connue, c’était ce beau motif de VOrfeo de Monteverde, ah ! ce n’est pas de la musique d’à-présent, cela date de 1604, on rirait de l’orchestre de ce temps-là, dix dessus de viole, viole da hra^rjro, et trois basses de viole, vioU âa gamha, plus deux orgues de bois... CYPRIENNE.

J’ai peur que sa lièvre n’augmente. Pourvu qu’il ne se rende pas plus malade !

LE MAJOR GEDOUARD.

T)uo’t organi di legno, ce qui est la même chose qu’un bourdon. Monteverde se contentait de cela. Et avant Monteverde, qu’est-ce qu’on avait.’* En Allemagne la posanne, en France la saquebute. C’est aujourd’hui le trombone. L’Italie se contentait du flantino, qui est le flageolet à la triple octave aiguë du tuyau d’orgue avec quatre pieds. Ah ! l’art a marché, monsieur... — Je vous demande pardon, votre nom va me revenir tout à l’heure. Vous savez, quand on est vieux, la mémoire, ça tremblote, ce n’est plus qu’une veilleuse dans le cerveau, ça s’éteint, puis ça se rallume. Par exemple, je me rappelle très bien votre visage.

VOIX au dehors, venant du salon qui est au fond. Attention, messieurs. — Vingt-sept francs. — Vingt-sept cinquante. — Trente francs. — ...

EDGAR, bas à Cyprienne.

Qu’est-ce que c’est que cela ^

CYPRIENNE, bas.

Rien.

LE MAJOR GEDOUARD.

Le progrès, monsieur, c’est la loi. Tout va vers le mieux, vers plus de lumière, vers plus d’harmonie, vers plus de liberté. Après le chant ambrosien, vient le chant grégorien. Ambroise, saint Ambroise, cela m’est égal qu’il soit saint, trouve les quatre échelles, Grégoire, un pape, cela ne