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ACTE PREMIER, SCÈNE IV. 229

SCENE IV.

CYPRIENNE, ÉTIENNETTE, GLAPIEUj puis ROUSSELINE ; puis L’Huissier.

GLAPIEU, la tête à la lucarne.

Je rentre. — Les agents sont encore dans la rue. Messieurs les gêneurs officiels ne volent pas le gouvernementi ils font leur chasse en conscience. Pourtant il commence à neiger, et la neige les fera décamper. Je serai mieux ici que sur le toit. Quand la police sera partie, j’ai exploré le toit, j’ai trouvé mes aboutissants, il me sera facile de m’échapper. L’église est utile. Dans un quart d’heure, la rue sera nettoyée. En attendant, je puis très bien me cacher dans ce recoin.

Il saute dans le réduit mansardé et referme doucement le châssis de la lucarne. Il regarde dans la chambre par la porte entrebâillée et aperçoit Étiennette. Une madame. Deuxième femme. La mère probablement. Encore belle. D’anciens chagrins. Trente-huit ans qui en paraissent quarante-cinq. Salut à la maman !

Il examine la chambre.

C’est drôle, il me semblait qu’il y avait plus de meubles que cela. Continuant son examen.

C’est ce que j’appelle des gens riches qui sont pauvres. Luxe et Indigence. Il y a une comédie comme ça à l’Odéon. C’est déchu. Ça a eu de l’aisance. C’est une campagne où il y a eu des fleurs, mais vue au mois de décembre. Pauvreté, c’est hiver. — Il faut pourtant que je me mette derrière quelque chose. Abritons le fugitif. Comme c’est puéril de forcer un bon garçon à jouer à cache-cache avec la société ! Il aperçoit les robes accrochées au porte-manteau. Voici des nippes qui feront l’affeire. C’est dit. Je me blottis ici. Et puis ces gens-là ont l’air malheureux. Je ne peux pas les quitter comme ça. Je serai très bien dans cette anfractuosité. Là-dessous. Il se blottit dans les robes. On ne voit plus que sa tète et ses pieds. Il abaisse son regard sur les robes et les considère. Pauvres robes, vous êtes fanées.

On commence par être jupe,

On finit par être chiffon.

Il regarde ses pieds. Le bout de ses souliers crevés et éculés s’aperçoit.