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s’avisent de monter les escaliers, je suis fumé. En voilà au moins pour deux ans. Coffré, bouclé, autant dire mort. Voyons, où sont les ressources ? La perche, père bon Dieu, à ce pauvre noyé ! Rendons-nous compte un peu de la maison. Ceci est le quatrième étage. Ces marches-ci

Montrant le tronçon d’escalier qui monte.

ne mènent à rien. Pas d’issue. Je suis dans l’escalier de service. Il y a un autre escalier, le grand, qui mène aux appartements sur le devant, l’escalier des maîtres. De ce côté-ci sont les petites chambres mansardées communiquant avec les appartements à plafonds qui donnent sur la rue. Par ici le toit doit être en pente, et ce serait bien le diable s’il n’y avait pas quelque cour, quelque ruelle, où je pourrais glisser et filer. Oui, c’est par l’autre côté du toit que je peux m’échapper. L’autre côté ! Mais il faut lui passer à travers le corps à cette maison. Comment faire ? Par là peut-être. Il se courbe devant la porte bâtarde et regarde par le trou de la serrure. Justement. J’aperçois là-bas au fond un recoin en mansarde avec une lucarne en tabatière. Ça ferait mon affaire. De là je gagne le toit, puis la cour, puis la rue, puis la liberté.

Il regarde.

Il y a une femme. Elle est seule. Une jeunesse. Ça n’est pas méchant, les jeunesses.

Il regarde.

Fichtre ! charmante ! che boccone ! Elle est peut-être cruelle, mais elle n’est pas méchante. Dans tous les cas, je n’ai point d’autre ressource. Cognons, Psst !

Il frappe un petit coup et observe. Cyprienne lève les yeux. Glapieu contrefait sa voix.

Gustave.

Cyprienne tourne la tête. Il gratte discrètement. Il adoucit encore sa voix.

Alfred.

Cyprienne se dresse sur sa chaise et écoute. Il gratte de nouveau et fait une voix de plus en plus douce.

Oscar.

CYPRIENNE.

Est-ce vous, monsieur Edgar ?

GLAPIEU., à part.

Edgar, parbleu ! Je disais Oscar. Je brûlais.

Haut, et amoroso.

Oui, Edgar.

Cyprienne va à la porte, l’ouvre, et recule effrayée.