Vous me teniez la main lorsque j’étais petit,
Ô monseigneur, souffrez qu’ainsi mon cœur vous nomme,
Celui qui chancelait jadis, gardé par l’homme
Qui maintenant chancelle, à son tour le défend ;
Parfois je me sens père et je vous vois enfant.
C’est mon âge à présent qui veille sur votre âge ;
La bise, qui sur vous souffle trop fort, m’outrage ;
Mon ambition, c’est vous servir. Je n’ai pas
D’autre rêve que d’être un bâton pour vos pas.
Oh ! le cœur filial que rien ne peut corrompre,
Je l’ai. Quand vous parlez, s’il osait interrompre,
Ô père, je dirais au tonnerre : Plus bas !
Une d’elles, mon fils, chaste épouse, en ses bras
Un jour te recevra, quand je serai sous l’herbe.
Qu’elle te rende heureux, ô mon enfant superbe,
Et je lui sourirai dans le tombeau profond.
Nous partons. C’est midi. Les vendanges se font.
Noble Albos, donne-nous quelque chose à chacune
En souvenir de toi ; l’heure, cette importune,
Nous rappelle au travail, et nous nous en allons.
Soit.
Viens, toi.
Ce bouquet de jasmin, de verveine et de menthe.
Et moi ?