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LES GUEUX.


V

GABOARDO. — GOULATROMBA.
GABOARDO.

Je te trouve l’air farce. Est-ce que tu serais
Par hasard amoureux ?

GOULATROMBA.

Par hasard amoureux ? Je cherche un antre frais
Pour rêver. Fils, j’ai vu l’autre jour une femme.
Ses yeux m’ont en passant jeté toute son âme.

GABOARDO.

Et tu l’as ramassée, imbécile ?

GOULATROMBA.

Et tu l’as ramassée, imbécile ? Tu vois
Un mortel qui soupire et qui va dans les bois,
Non pour attendre un coche et récolter des piastres,
Mais pour cueillir des fleurs et contempler les astres.

GABOARDO.

Crétin !

GOULATROMBA.

Crétin ! Je vais la nuit regarder sa maison.

GABOARDO.

Bœuf !

GOULATROMBA.

Bœuf !Ami, je lui fais des vers.

GABOARDO.

Bœuf ! Ami, je lui fais des vers. Splendide oison !

Goulatromba profite de l’ébahissement de Gaboardo, lui fourre dextrement la main dans la poche, et lui prend la bourse volée par Gaboardo au vieux bourgeois, puis il s’en va, et laisse Gaboardo méditant sur son ineptie.