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THÉÂTRE EN LIBERTÉ.
LE ROI.

L’arbre va s’effondrer, ô ciel ! pour peu qu’il bouge !
Il s’est blessé ! Du sang ! qu’est-ce qu’il a de rouge ?

AÏROLO, souriant.

Une fleur.

Il montre une fleur qu’il vient de cueillir dans l’arbre.
LE ROI, menaçant et suppliant.

Une fleur. Descends donc ! Si tu crains Dieu, morbleu !
Tu dois craindre le roi. Le roi, c’est plus que Dieu !

AÏROLO.

Dieu tonne, vous toussez. Voilà la différence.

LE ROI, à part.

Rustre !

Rustre ! Aïrolo saute à terre.

Rustre ! Il descend. Mon cœur renaît à l’espérance.

Aïrolo avise une des plantes qui tapissent la roche et en cueille une brindille où il y a quelques feuilles.
LE ROI, à Mess Tityrus.

Que fait-il ?

AÏROLO, lui montrant les feuilles arrachées.

Que fait-il ? Savez-vous qu’il suffit de mâcher
Cette plante qui pousse aux trous de ce rocher ?
C’est la mort. — La mort germe au milieu des cytises.

Tendant la plante au roi et désignant Mess Tityrus.

Essayez sur monsieur.

MESS TITYRUS.

Essayez sur monsieur. Eh ! là ! pas de bêtises !

À part.

Diable ! Je suis sorti de la neutralité,
Ce fut une imprudence. Ouais, rentrons-y.