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MANGERONT-ILS ?

J’en suis ivre ; ces flots, ces rochers, ces forêts,
Aident mon bégaiement, et sont là tout exprès
Pour traduire à tes yeux ce que ma voix murmure.
Et sais-tu ce qui sort de toute la nature,
Ce qui sort de la terre et du ciel ? c’est mon cœur.
Ce que je dis tout bas, ce bois le chante en chœur.
Dans l’univers, qu’un songe inexprimable dore,
Il n’est rien de réel, hors ceci : je t’adore !
Un mot remplit l’abîme. Un mot suffit. Il faut
Pour que le soleil monte à l’horizon, ce mot.
Et ce mot, c’est Amour ! L’éternité le sème.
Dieu, quand il fit le monde, a dit au chaos : J’aime !

Il lui prend la main et la pose sur ses cheveux.

Mets sur mon front ta main. Je suis ton protégé.
Déesse, inonde-moi de ta lumière.

LADY JANET, à part.

Déesse, inonde-moi de ta lumière. J’ai
Une faim !

LORD SLADA, à part.

Une faim ! Oh ! la soif !

Entre Aïrolo ; son vêtement est un haillon.



SCÈNE QUATRIÈME.

LORD SLADA, LADY JANET, AÏROLO.
AÏROLO.

Une faim ! Oh ! la soif ! Voulez-vous me permettre
Une observation ?

Une observation ? Saluant lady Janet.

Une observation ? Belle dame,

Une observation ? Belle dame, Saluant lord Slada.

Une observation ? Belle dame, Mon maître,

Se redressant.

Vous avez tous les deux besoin de déjeuner.

LORD SLADA.

Qu’est cet homme ?