Probablement.
Dieu nous aide. Une barque est en bas. Sois tranquille.
Nous trouverons moyen d’échapper de cette île.
Il suffit de tromper les guetteurs un moment.
Quel beau lieu ! Cette mer, c’est un enchantement.
C’est que, vois-tu, je sens une joie inouïe.
Ma vie est dans l’azur, flottante, épanouie,
Lumineuse, et mon cœur s’ouvre, et je te reçois,
Et je t’aspire, esprit, femme, qui que tu sois !
Car il est impossible enfin que tu contestes
Cet éblouissement de tes regards célestes
Qui te fait souveraine et terrible, et qui rend
Insensé le pauvre homme à tes côtés errant.
Oh ! vivre ensemble est doux ! Ton front au jour ressemble.
Quelque chose est plus doux encor ; mourir ensemble.
Le tombeau vous reprend dans sa pâle vapeur.
Mourir séparément, c’est effrayant. J’ai peur
Que le premier qui meurt et qui part ne rencontre
Là, dehors, dans la tombe où le vrai jour se montre,
Quelque ange qui l’entraîne en son vol, pour toujours,
Dans l’infidélité des célestes amours,
Et lui fasse oublier, dans la haute demeure,
L’autre âme, l’ange à terre et sans ailes qui pleure !
On n’est pas sûr qu’un mort soit fidèle. Jurez
Que vous ne mourrez pas et que vous m’aimerez !
Je le jure.
Je n’imagine pas, n’importe en quelle sphère,
De respiration, si tu n’es de moitié.