Cette barque amarrée à ce rocher vous tente,
Vous descendez un pas, deux pas, sur cette pente,
C’est fait, vous n’êtes plus dans l’asile. On vous prend.
Le risque de leur fuite est par ici fort grand ;
Veillons.
On n’en peut mettre qu’un. L’escarpement à droite,
Le précipice à gauche. Il faut se tenir coi.
Quel homme voulez-vous placer là, sire ?
Je m’y poste en personne, et je ne m’en rapporte
Qu’à moi, mon cher, du soin de garder cette porte.
Parfait.
Supprimer le bateau, puisqu’il est au couvent.
Est-ce que je le hais, ce roi ? non. Donc je l’aime ?
Point. Lui veux-je du bien ? Mais non. Du mal ? pas même.
Quand je le vois pencher d’un côté bête et noir,
Je l’y pousse. Pour nuire au maître ? non. Pour voir.
Je suis le chien sournois de ce lion inepte.
Je n’ai pas de désir séditieux ; j’accepte
Ce que le hasard fait contre lui ; j’aide un peu.
J’aime à le voir gros, gras, bien portant ; c’est mon vœu
Qu’il soit riche ; j’emplis derrière lui mon coffre ;
Seulement, chaque fois qu’une occasion s’offre,
Je travaille à le rendre un peu plus idiot.
Pourquoi ? Pour me distraire. Ah ! quel chef-d’œuvre, un sot !
Je le contemple avec le regard d’un artiste.