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Nul n’ose résister. Vos potences abondent,
Vos glaives sont coupants, vos estocs sont pointus ;
Moi, j’adoucis les cœurs en chantant vos vertus.
Ne me demandez pas autre chose.

LE ROI.

Ne me demandez pas autre chose. Imbécile !
Conseille-moi !

MESS TITYRUS.

Conseille-moi ! Milord…

LE ROI.

Conseille-moi ! Milord… Mais, pardieu ! c’est facile.
Je vais faire jeter cette masure à bas.
Des pioches !

MESS TITYRUS.

Des pioches ! Roi, plaisirs, tournois, galas, combats,
Vous pouvez vous donner toutes vos fantaisies,
Le peuple paie. Ayez d’augustes frénésies,
Régnez, mettez en croix sur la plus haute tour
Qui vous voudrez ; prenez, pour la guerre ou l’amour,
Les femmes aux maris et les maris aux femmes,
Ayez une galère à cent paires de rames
Et faites-y ramer vos sujets tour à tour,
On se courbera. Mais si vous touchez un jour
À l’église, à ses droits, à ce cloître inutile,
Ah bien, c’est pour le coup que, dans toute cette île,
On entendra sonner le tocsin jusqu’au ciel.

LE ROI.

Tu dis vrai.

MESS TITYRUS.

Tu dis vrai. Roi, le peuple est miel, le prêtre est fiel.
Soyez fort, mais prudent. Ne cherchez jamais noise,
Aigle, à l’aspic, et, prince, à l’église sournoise ;
Sinon, vous sentirez la piqûre.

Le roi et Mess Tityrus observent le cloître. Derrière eux, entre deux piliers, passe la tête d’Aïrolo. Le roi et Mess Tityrus ne le voient pas.