Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome IV.djvu/68

Cette page n’a pas encore été corrigée



Personne, prince ou roi, la tiare romaine

Ayant cette montagne auguste pour domaine,

N'a le droit d'amener dans cette âpre forêt

Les chiens, les cors, les cris.

Les aboiements s'éloignent. Le bruit de la chasse va et vient, cesse, puis recommence.

Le pape seul pourrait.

Et ne peut, car il n'est le chasseur que des âmes.

Non, les violateurs même les plus infâmes

Ne viendraient point verser le sang dans ce saint lieu,

Et troubler les oiseaux du ciel, qui sont à Dieu.

Quelqu'un l'ose pourtant, quel est ce téméraire?

 Un moine, vieux, un bâton à la main, les pieds couverts de  poussière, se présente à l'entrée de la grotte. Il a le rochet  de pèlerin par-dessus l'habit de dominicain. C'est  Torquemada. Il s'arrête sur le seuil. Il a la barbe grise.  François de Paule a la barbe blanche.  








Scène II


François de Paule, Torquemada


Torquemada


Salut à toi, vieillard et père!

François de Paule


Salut, frère.

Torquemada


Permets-tu qu'un instant je me repose ici?

François de Paule


Mon frère, entrez.

Torquemada


Je suis brûlé, je suis transi,

La fièvre et le soleil me dévorent, je marche;

J'entre, indigne passant, chez toi, saint patriarche.